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« J’avois obmis d'escrire cecy en son ordre, qu'il estoit
tombés le 19 de juin en plusieurs lieux, comme au Petit
Quevilly, St Julian, Andely, plusieurs gouttes de sang,
de sorte qu'on a veu plusieurs murailles et pierres
teintes de sang. »
En octobre 1636, le prêtre de Notre-Dame de La Ronde, Philippe Josse ( -1650), tient à souligner dans son journal un évènement qui s’est déroulé plusieurs mois auparavant. Ainsi, au sud de Rouen, sur une zone d’une quarantaine de kilomètres, “plusieurs gouttes de sang” tombent le long de la Seine. De sorte que des témoins rapportent avoir “veu plusieurs murailles et pierres teintes de sang”.
Habituellement, cet auteur se consacre essentiellement aux évènements rouennais, mais il lui arrive de jeter un coup d’œil à l’extérieur en fonction des éléments qui lui viennent aux oreilles. Difficile de déterminer si l’auteur s’intéresse au phénomène parce que les murs sud de Rouen auraient été teintés de rouge ou s’il fait alors référence à une enceinte fortifiée aux Andelys ou à Petit-Quevilly. Les Andelys présente la particularité d’être composé de deux éléments et était un site réputé, avant la décennie 1640, pour son commerce des blés. Le Grand et Le Petit Andelys sont localisés à un demi-quart de lieu l’une de l’autre. Dans sa description de la Normandie, Charles Hérembert (1605-1693), sieur du Pastis, avocat à Argentan, considère que cette séparation est un point faible puisqu’il souligne que ces deux entités “composeroit une belle et grande ville tout ensemble, mais divisée, comme elle est, ne parest pas beaucoup”.

Une pluie de sang ? Vraiment ? Événement météorologique rare, la pluie de sang peut surprendre nos ancêtres. Pourtant attesté depuis l’Antiquité et interprété comme un signe de punition divine, ce phénomène demeure mal connu. Encore à l’été 2001, en Inde, la région du Kerala a été arrosée durant six semaines par des pluies rouge sang. Pour le cas espagnol de 2014, les chercheurs sont parvenus à trouvé le responsable derrière cette pluie rouge: l’Haematococcus pluvialis, une microalgue d’eau douce. Or, celle-ci est justement réputée pour synthétiser un pigment rougeâtre, l’astaxanthine, lorsqu’elle se retrouve dans des conditions défavorables. Ce serait d'ailleurs le même microorganisme qui aurait causé les pluies semblables d’Inde plus d’une décennie auparavant. Reste à déterminer de quelle manière cette algue qui se trouve généralement en Amérique du Nord ou sur les côtes Atlantique de l’Europe peut se retrouver dans une pluie à l’intérieur des terres ? À en croire les données météorologiques analysées par les scientifiques, des vents forts d'ouest peuvent permettre à ces microalgues de se transporter sur de grandes distances, mais il ne s’agit là, que d’une hypothèse...

Baptiste Etienne


Sources:
- Bib. Caen la Mer, in-8 238, Singularités de la province, par C. Hérembert, f°248 et 253
- BM Rouen, Ms. M. 41, Journal, par P. Josse, f°77 bis
- http://www.dailymotion.com/video/x3fcb0a

 

[ Modifié: samedi 21 novembre 2020, 12:52 ]