Articles de blog de JF VIEL

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Nous sommes à Paris en 1598(1). L’établissement de la succession de Paris Hesselin, un riche conseiller du Roi et maître ordinaire de la Chambre des comptes, nécessite de dresser un inventaire des titres et papiers demeurés après son décès. Un gros acte de quelque 144 pages recense ainsi un grand nombre de pièces, tant actes notariés que sentences et autres pièces de procédure. L’écriture du clerc est très cursive et les abréviations y sont particulièrement nombreuses, ce qui fait de cet acte une vraie pièce de choix pour un paléographe !
Ce qui est ici exceptionnel, c’est que le patronyme « parlant » d’une personne citée dans ces pièces fait l’objet d’une abréviation : Anne de Quatrelivres devient ainsi « Anne de IIII L ». Contrairement à l’usage antique, qui notait quatre en chiffres romains sous la forme « IV », les clercs des XVIe-XVIIe siècles lui préféraient la forme « IIII ». Quant à la lettre L placée en exposant, elle prenait la valeur de « livres », l’une des principales unités de compte de l’époque.

Voici cette abréviation replacée dans son contexte :
« Item un brevet dudict Chastelet signé Le Charron et Dunesmes du Vme aoust 1544 contenant
Me Pierre du Hamel, sieur de Guibeville, conseiller du Roy et auditeur de ses comptes,
et damoiselle Anne de Quatrelivres sa femme, de luy auctorisée, avoir vendu et promis garantir
audict Me Paris Hesselin XXVlt. de rente annuelle à eulx appartenant et constituée
par la ville le Vme avril 1543, signé Quentin et Cordelle, pour les
causes et ainsi etc. avec lequel sont les lectres de constitution de ladicte rente
assize sur les fermes de l’imposition du vin vendu en gros, huictiesme
du vin et aultres breuvages vendus au detail et tavernes aux villes et villages à plain
mentionnez par lesdictes lectres, ainsi inventorié au doz de chaque…………..XL. »

(1) Archives nationales, Minutier central, LXXVIII-157, 20 mai 1598.

[ Modifié: samedi 21 novembre 2020, 16:44 ]