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Cette carte du réseau d’hébergements par rues présente des perspectives intéressantes quant à l’implantation des hôtels dans une ville de l’importance de Rouen au milieu du XVIIe siècle. Nous connaissons la rue, la place ou la proximité d’un établissement public dans 102 cas contre seulement 82 sites d’accueil pour lesquels la paroisse est identifiée.
Un premier maillage en forme d’étoile se dessine, avec des auberges situées sur les principales artères donnant aux portes de la ville. Comme dans le cas Rennais, la localisation de ces établissements répond à la vocation de carrefour de Rouen, croisement dont les axes principaux sont signifiés par les portes. Un second maillage, plus dense dans le centre-ville, offre une répartition focalisée majoritairement dans la partie nord du Castrum et dans le quartier Beauvoisine. Saint-Martin-sur-Renelle connait la plus grande agrégation d’établissements, soit une vingtaine d’auberges en activité sur une période d’une cinquantaine d’années.
La proximité du palais de justice attire environ vingt-cinq sites comme en témoignent les cinq établissements localisés « proche le Parlement ». S’ajoutent les six autres de la rue Saint-Lô et en particulier celle du Lion Rouge. En janvier 1650, le tavernier et hôtelier de cet établissement est convoqué au bailliage dans le cadre d’un procès contre les pâtissiers-oublayers pour avoir congelé des saucisses achetées au Vieux Marché. Une vingtaine d’autres sites se concentrent dans un rayon de 100 mètres, dont onze sont localisés dans la rue Percière de la paroisse Saint-Martin-sur-Renelle. Un troisième maillage est identifiable à proximité des quais. Cet espace permet l’implantation d’une dizaine d’autres hôtels avec une répartition plus éparse. Les quais et la porte sont essentiellement marqués par l’activité fluviale et les conflits, comme en témoigne l’agression, un après-midi d’août 1650, du poissonnier Jean Golain. Alors qu’il pêche près de sa boutique, celui-ci est attaqué par trois inconnus armés d’épées et de « croq de fer ».
Dans les faubourgs, Saint-Gervais, Saint-André et Saint-Sever, se partagent un minima de six auberges, alors que celui de Saint-Paul est bien moins attractif. Comme dans le cas de Lyon, ces espaces jouent un rôle de sas, en offrant une solution de repli aux voyageurs qui trouvent les portes de la ville closes. L’ensemble de ces établissements hôteliers qui scandent l’espace et offrent de nombreux points de rencontre se situe principalement aux extrémités et dans le voisinage de lieux fréquentés.
Baptiste Etienne