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by JF VIEL - Wednesday, 20 July 2022, 6:52 PM
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Bibliothèque municipale de Rouen, Leber 6116-2-167

Une rixe au jeu de paume (1557)

Du XVIe au milieu du XVIIe siècle suivant, le jeu de paume est un sport qui a provoqué un véritable engouement social. Ancêtre de notre tennis, il se jouait avec une raquette tendue de cordes (qui avait progressivement remplacé un battoir de bois) et une balle de cuir garnie d’une bourre de laine, l’esteuf. En ville, la courte paume se jouait dans des salles complètement fermées, d’environ 10 sur 25 mètres, aux murs peints en noir pour faire ressortir l’esteuf, blanchi à la farine.

La consultation d’archives notariales urbaines du XVIe siècle, comme celles de Paris, révèle une activité des maîtres esteufiers et des maîtres paumiers-raquettiers particulièrement intense : les ventes et les baux de salles de jeu de paume y côtoient les contrats d’association et les contrats d’apprentissage, l'ensemble constituant une documentation presque aussi volumineuse que celles concernant les activités de première nécessité, telles que la boulangerie ou la maçonnerie…

Les jeux de paume, lieux de plaisir, accueillaient également en leurs murs des jeux d’argent plus ou moins licites. Le terme de tripot, qui qualifiait à l’origine ces salles de sport, a ainsi progressivement dérivé vers le sens que nous lui connaissons aujourd’hui. Outre les archives notariales, les jeux de paume ont également beaucoup nourri les archives judiciaires, de par les rixes et voies de fait qui s’y produisaient inévitablement.

En voici un exemple en 1557 : deux Parisiens se querellent au jeu de paume du Cheval blanc, situé place Maubert, ce qui a pour effet que l’un d’eux est atteint à « la mamelle du costé senestre » d’un coup de dague. Le Châtelet de Paris est aussitôt saisi, un commissaire est nommé pour mener l’information, et l’agresseur est jeté en prison. Finalement, pour mettre un terme à une procédure criminelle risquant de s’éterniser et éviter d’importants frais de justice aux deux parties, celles-ci décident de transiger devant deux notaires parisiens : moyennant le paiement à l’agressé de la coquette somme de 60 écus d’or soleil, l’agresseur sera élargi (c’est-à-dire libéré) de prison, et les information et procès criminel seront considérés « nulz comme chose non faicte ne advenue ». Cette façon de mettre un terme à une procédure judiciaire par une transaction notariée était très fréquente sous l’Ancien Régime.

Arch. nat., Minutier central, XI-37, 9 novembre 1557

« Honnorable homme Michel DU GOGUYER, marchant drappier chaussetier
demourant à Paris, place Maubert, confesse avoir quicté et quicte par ces
presentes du tous dès mainctenant à tousjours sans rappel, maistre Philippes
GENTIL, à present prisonnier ès prisons episcopalles de l'evesché de
Paris, absent, ses biens, ses hoirs etc. tant de tous et chascuns
les interest civil, despens, dommages et interestz qu'il a euz et souffertz
et pourroit cy après avoir et souffrir, pour raison d'un coup de
dague que ledict DU GOGUIER disoit et maintenoit luy avoir esté baillé
depuis certain temps en ça à la mamelle du costé senestre, eulx estans
jouans à la paulme ou jeu de paulme du Cheval blanc, dicte place
Maubert. Et pour raison de quoy ledict DU GOGUIER auroit faict
informer par le commissaire MARTIN et, sur icelle information, obtenu
prinse de corps, et en ce faisant constitué prisonnier ès prisons
du Chastellet de Paris. Desquelles ledict GENTIL, suivant son
requisitoire, auroit esté renvoié prisonnier esdictes prisons dudict
evesché de Paris, où il est comme dict est de present. Laquelle
information partant et procès criminel et autres contre ledict GENTIL faictz
sont et demourent nulz comme chose non faicte ne advenue,
que de toutes autres choses generallement quelzconques
dont ledict DU GOGUIER luy eust peu faire demande, action et poursuitte
de tout le temps passé jusques à huy, dacte de ces presentes.
Ceste quictance generalle ainsi faicte tant moyennant
la somme de soixante escuz d'or soleil que pour ce ledict
DU GOGUIER en confesse avoir eue et receue dudict GENTIL,
dont etc. quictant etc., que aussi que ledict DU GOGUYER
sera et demourera quicte envers ledict GENTIL de toutes
choses quelzconques jusques à cedict jour. Et en ce faisant,
ledict DU GOGUIER consent et accorde par ces presentes, en
tant que à luy est, ledict GENTIL estre mis hors desdictes
prisons à pur et à plain. Et demeurent tous procès qu'ilz avoient
entre eulx pour raison de ce nulz et assopiz, sans aucuns
autres despens, dommages ne interestz, et à la charge que
chacun d'eulx paiera son procureur et conseil. Promectant etc. Obligeant etc. Renonceant etc. Faict et
passé l'an mil Vcinquante sept, le mardi neufiesme jour de
novembre. »

Ainsi signé : K. FARDEAU, notaire, avec paraphe / T. PERIER, notaire, avec paraphe.

Arch. nat., Minutier central, XI-37, 9 novembre 1557.
Illustration : Bibliothèque municipale de Rouen, Leber 6116-2-167.


[ Modified: Thursday, 21 July 2022, 7:01 AM ]

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    Nous sommes à Paris en 1598(1). L’établissement de la succession de Paris Hesselin, un riche conseiller du Roi et maître ordinaire de la Chambre des comptes, nécessite de dresser un inventaire des titres et papiers demeurés après son décès. Un gros acte de quelque 144 pages recense ainsi un grand nombre de pièces, tant actes notariés que sentences et autres pièces de procédure. L’écriture du clerc est très cursive et les abréviations y sont particulièrement nombreuses, ce qui fait de cet acte une vraie pièce de choix pour un paléographe !
    Ce qui est ici exceptionnel, c’est que le patronyme « parlant » d’une personne citée dans ces pièces fait l’objet d’une abréviation : Anne de Quatrelivres devient ainsi « Anne de IIII L ». Contrairement à l’usage antique, qui notait quatre en chiffres romains sous la forme « IV », les clercs des XVIe-XVIIe siècles lui préféraient la forme « IIII ». Quant à la lettre L placée en exposant, elle prenait la valeur de « livres », l’une des principales unités de compte de l’époque.

    Voici cette abréviation replacée dans son contexte :
    « Item un brevet dudict Chastelet signé Le Charron et Dunesmes du Vme aoust 1544 contenant
    Me Pierre du Hamel, sieur de Guibeville, conseiller du Roy et auditeur de ses comptes,
    et damoiselle Anne de Quatrelivres sa femme, de luy auctorisée, avoir vendu et promis garantir
    audict Me Paris Hesselin XXVlt. de rente annuelle à eulx appartenant et constituée
    par la ville le Vme avril 1543, signé Quentin et Cordelle, pour les
    causes et ainsi etc. avec lequel sont les lectres de constitution de ladicte rente
    assize sur les fermes de l’imposition du vin vendu en gros, huictiesme
    du vin et aultres breuvages vendus au detail et tavernes aux villes et villages à plain
    mentionnez par lesdictes lectres, ainsi inventorié au doz de chaque…………..XL. »

    (1) Archives nationales, Minutier central, LXXVIII-157, 20 mai 1598.

    [ Modified: Saturday, 21 November 2020, 4:44 PM ]

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